Que voyez-vous lorsque vous regardez vos voisins, vos collègues, vos amis, votre famille ? Est-ce qu’il y en a qui sont fatigués ou découragés ? Cette fatigue est parfois plus que physique ou professionnelle : il s’agit d’un profond malaise spirituel, le sentiment que la vie est vide et qu’elle tourne en rond, sans but, sans plaisir.
Pire, face à ce sentiment de vide, certains s’en moquent, peut-être pour se protéger, car c’est trop douloureux d’y regarder ! Et nous, quelle est notre attitude envers ceux qui sont fatigués ? A partir du verset 35 du chapitre 9 de l’Évangile de Matthieu, en allant au verset 15 du chapitre 10, Jésus se trouve devant des gens fatigués et découragés:
35 Jésus parcourait villes et villages ; il enseignait dans leurs synagogues, prêchait la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissait toutes les maladies et toutes les infirmités. 36 Son coeur fut rempli de pitié pour les foules qu’il voyait, car ces gens étaient fatigués et découragés, comme un troupeau qui n’a pas de berger. 37 Il dit alors à ses disciples : « La moisson à faire est grande, mais il y a peu d’ouvriers pour cela. 38 Priez donc le propriétaire de la moisson d’envoyer davantage d’ouvriers pour la faire. » 1 Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de chasser les esprits mauvais et de guérir toutes les maladies et toutes les infirmités. 2 Voici les noms de ces douze apôtres : d’abord Simon, surnommé Pierre, et son frère André ; Jacques et son frère Jean, tous deux fils de Zébédée ; 3 Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le collecteur d’impôts ; Jacques le fils d’Alphée et Thaddée ; 4 Simon le nationaliste et Judas Iscariote, qui trahit Jésus. 5 Jésus envoya ces douze hommes en mission, avec les instructions suivantes : « Évitez les régions où habitent les non-Juifs et n’entrez dans aucune ville de Samarie. 6 Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple d’Israël. 7 En chemin, prêchez et dites : «Le Royaume des cieux s’est approché !» 8 Guérissez les malades, rendez la vie aux morts, purifiez les lépreux, chassez les esprits mauvais. Vous avez reçu gratuitement, donnez aussi gratuitement. 9 Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos poches ; 10 ne prenez pas de sac pour le voyage, ni une deuxième chemise, ne prenez ni chaussures, ni bâton. En effet, l’ouvrier a droit à sa nourriture. 11 « Quand vous arriverez dans une ville ou un village, cherchez qui est prêt à vous recevoir et restez chez cette personne jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit. 12 Quand vous entrerez dans une maison, dites : «La paix soit avec vous .» 13 Si les habitants de cette maison vous reçoivent, que votre souhait de paix repose sur eux ; mais s’ils ne vous reçoivent pas, retirez votre souhait de paix. 14 Si, dans une maison ou dans une ville, on refuse de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds. 15 Je vous le déclare, c’est la vérité : au jour du Jugement, les habitants de Sodome et Gomorrhe seront traités moins sévèrement que les habitants de cette ville-là.
Jésus, lui, regarde ceux qui sont fatigués et découragés, et de la compassion surgit de son cœur ! Pas de l’indifférence. Pas du jugement. Pas de la moquerie. De la compassion ! Il veut renouveler leur vie. Il veut les soigner. Il veut surtout les ramener à vivre, joyeusement, le pardon de Dieu. Alors, il appelle ses apôtres à une courte mission intensive pour préparer le chemin de sa venue à Jérusalem, jusqu’à la croix. Car il deviendra, lui, le fatigué et le découragé, pour son peuple, et le bon berger – à leur place – afin que tous ceux qui acceptent sa compassion reçoivent une vie renouvelée. Or, cette mission est celle de sa compassion… une mission si humble, mais dont les résultats sont si profonds. Regardons, dans un premier temps, trois (3) aspects de sa compassion en mission.
1) Des apôtres si ordinaires, une puissance si grande ! Regardez attentivement le 1er verset du chapitre 10 : «Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de chasser les esprits mauvais et de guérir toutes les maladies et toutes les infirmités.» Qui peut guérir à la fois l’âme et le corps ? Qui en est à la hauteur ? C’est surement Jésus seul, plutôt que ces douze hommes ordinaires ayant des connaissances et des capacités bien modestes. Au fond, cette mission est celle de Jésus. Il leur accorde sa puissance et il les envoie devant lui pour préparer sa venue, jusqu’à Jérusalem, jusqu’à la croix. Jésus est le missionnaire compatissant : il assume la responsabilité de cette mission et il en produira les résultats. Vous arrive-t-il de penser « Eh bien, nous sommes si ordinaires, que pouvons-nous faire ? » Jésus se servira de vous pour faire étendre sa compassion.
2) Une bande si petite, une nation si nombreuse ! Réfléchissez aux versets 2 à 4: «Voici les noms de ces douze apôtres : d’abord Simon, surnommé Pierre, et son frère André ; Jacques et son frère Jean, tous deux fils de Zébédée ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le collecteur d’impôts ; Jacques le fils d’Alphée et Thaddée ; Simon le nationaliste et Judas Iscariote, qui trahit Jésus. » Douze apôtres. Pourquoi douze ? Une bonne stratégie missionnaire ? Peut-être, mais la raison en est plus profonde ! Jésus refait une nation : les douze tribus d’Israël sont remplacées par les douze apôtres. Pourquoi des apôtres ? Parce que ce mot veut dire «les envoyés». Avant Jésus, le temple est au cœur de la nation et tous sont appelés à venir au temple. Mais dans sa mission, Jésus ne dit pas aux apôtres «Attendez à ce que les gens viennent vers vous». Au contraire, il les envoie pour rassembler une nouvelle nation qui lui appartient. Une petite bande, qui deviendra une nation nombreuse. Ne pensez pas «Mais nous sommes si peu nombreux ! » Jésus agira parmi vous afin que sa compassion saisisse beaucoup de cœurs.
3) Une portée si restreinte, une rédemption si profonde. Regardez attentivement les versets 5 à 8a : « Jésus envoya ces douze hommes en mission, avec les instructions suivantes : ‘ Évitez les régions où habitent les non-Juifs et n’entrez pas dans aucune ville de Samarie. Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple d’Israël. En chemin, prêchez et dites : ‘Le Royaume des cieux s’est approché !’ Guérissez les malades, rendez la vie aux morts, purifiez les lépreux, chassez les esprits mauvais.» Il y a ici une surprise de taille : ils vont vers des marginaux vivant dans leur propre cours arrière. Il y a au moins deux commentaires à faire par rapport à cet aspect de la mission. D’abord, aller dans leur cour arrière veut dire que cette mission est surtout envers les Juifs vivant en Galilée. Autour de l’an 30 de notre ère, il y a environ 150 villages en Galilée. Alors, chaque équipe doit visiter autour de 25 villages dans une période de temps assez limité. Est-ce motivé par une bonne stratégie pour produire le meilleur résultats possible dans peu de temps ? Probablement pas ! Il est motivé par la compassion, pas l’efficacité : Jésus a toujours vu son appel messianique comme en étant d’abord aux brebis perdues d’Israël, afin que son Israël soit renouvelé. Deuxièmement, qui sera ce nouvel Israël ? Les «intouchables», c’est-à-dire, les rejetés, les impures, les malades. Pire, en étant impures et malades, ils sont aussi bannis du temple, de la présence de Dieu. Ce sont les «rejetés» dont l’avenir est sans espoir. Or, Jésus envoie ses apôtres toucher et parler à ces gens. Toucher et parler aux malades. Toucher et parler aux morts. Toucher et parler aux lépreux. La mission apostolique est proche, personnelle, et sale ! Sa mission coûte cher, parce que on se salit les mains et notre cœur est brisé ! Toutefois, sa rédemption est si profonde : il fait d’un peuple oublié la prunelle de ses yeux.
Et pour nous aujourd’hui ? Ayez confiance que votre Seigneur vous enverra vers d’autres qui risquent d’être très différents de vous. Son Église est remplie de gens qu’il choisit…par pure compassion! … à suivre