Séraphin. Séraphin Poudrier. Le connaissez-vous ? Séraphin est un personnage fictif du roman Un homme et son péché, écrit en 1933 par Claude-Henri Grignon. Séraphin est l’avare par excellence. Il est maire du village de Sainte-Adèle dans les Laurentides, travaille 20 heures par jour, fait de la spéculation immobilière et agit comme usurier. Il s’enrichit sans scrupules aux dépens de tous. Et il n’ est jamais content ! Il veut toujours plus d’argent, toujours plus ! Même aujourd’hui, lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est « un vrai Séraphin », on veut dire qu’il est avare, que son cœur est esclave de l’argent ! Intuitivement, nous savons qu’un avare, même s’il est riche, a un coeur pauvre.
Toutefois, Séraphin Poudrier n’est pas le premier Séraphin, le premier avare. Au contraire, Jésus dit, il y a du Séraphin au fond de notre propre cœur. Notre attitude envers l’argent est souvent problématique et difficile. Aux versets 13 à 21 du chapitre 12 de l’Évangile de Luc, Jésus dit qu’il y a deux attitudes face à l’argent. Il y en a une qui nous rend pauvres, et une autre qui enrichit les autres. Alors, réfléchissons à deux choses que Jésus dit dans cette parabole, à savoir, à ce qu’est un cœur pauvre et à la manière de cultiver un cœur riche.
(1) Qu’est-ce qu’un cœur pauvre ? La réponse se trouve dans la première partie de la parabole, aux versets 16 à 19 : « 16 Il leur raconta alors cette parabole : « Un homme riche avait des terres qui lui rapportèrent de bonnes récoltes. 17 Il réfléchissait et se demandait : «Que vais-je faire ? Je n’ai pas de place où amasser toutes mes récoltes.» 18 Puis il ajouta : «Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands, j’y amasserai tout mon blé et mes autres biens. 19 Ensuite, je me dirai à moi-même : Mon cher, tu as des biens en abondance pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois et jouis de la vie.»
Remarquer l’attitude de cœur de cet homme. Il dit « moi, moi, moi ». Le fond de ses motifs se dévoile à la fin du verset 19 : « Il faut surtout jouir de la vie ». Or, voici l’exemple troublant d’un cœur pauvre : c’est croire que la vie actuelle est la seule vie, toute la vie, et qu’elle m’appartient, à moi ! Alors, en ayant cette attitude, notre identité, notre estime de soi, notre succès dépendent, en grande partie, de notre réussite financière. Toutefois, l’appétit pour cette vie est insatiable : si cette vie est la seule qu’il y ait, alors il est très important d’en jouir, et d’en jouir toujours plus. Puis-je le dire autrement ? Si cette vie est tout ce qui existe, alors l’avarice n’est pas une tentation, mais plutôt une attitude fort sage ! Si cette vie est tout ce qu’il y a, alors on ne peut que finit par aimer cette vie plus que toute autre chose. Elle sera ce que nous possédons de plus cher. Lorsqu’on est motivé par cette attitude, l’argent devient souvent l’objet ultime de nos pensées, une obsession, parce que nous croyons que c’est l’argent qui permet de jouir de la seule vie qui soit.
Regarder maintenant comment Jésus termine sa parabole aux versets 20 & 21 : « 20 Mais Dieu lui dit : «Insensé ! Cette nuit même tu cesseras de vivre. Et alors, pour qui sera tout ce que tu as accumulé ?» » 21 Jésus ajouta : « Ainsi en est-il de celui qui amasse des richesses pour lui-même, mais qui n’est pas riche aux yeux de Dieu. »
Jésus dit que la vraie vie, la seule qui compte, n’est pas celle où l’on dit : «moi, moi, moi», mais plutôt «Dieu est plus grand que moi». Autrement dit, toute la vie vient de Dieu et lui appartient. Alors, la vie la plus riche et la plus complète est celle que vous vivez en relation avec Celui qui en est l’auteur. Votre identité, votre estime de soi, votre succès…sont des cadeaux venant de la bonté imméritée de Dieu lui-même. Allons plus loin encore : Dieu nous donne notre vie, certes, mais il refait notre vie lorsque Jésus prend sur lui-même notre avarice. En retour, il nous donne lui-même, et il n’y a rien de plus cher au monde que le don de Jésus pour nous ! Or, selon cette attitude, notre premier amour sera Dieu lui-même, et l’argent, bien qu’important, devient la chose la moins importante de la vie.
Il y a un paradoxe ici au fond de notre cœur. Au verset 15 Jésus dit : « Attention ! Gardez-vous de tout amour des richesses, car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, même s’il est très riche. » Au verset 21 il ajoute : « Ainsi en est-il de celui qui amasse des richesses pour lui-même, mais qui n’est pas riche aux yeux de Dieu. »
Voici le paradoxe que Jésus veut souligner. D’un côté, si vous avez de l’argent mais aucune relation avec Jésus, vous avez la vie la plus pauvre qui soit. De l’autre côté, si vous avez peu d’argent mais la certitude que Jésus est bon et suffisant, alors vous avez la vie la plus riche qui soit, vous avez un cœur riche. Mais comment cultiver ce cœur riche ?
…à suivre