Mais Dieu !

Presque tout le monde dort aux petites heures de cette nuit estivale. Tout est calme, tout est beau…jusqu’à ce qu’une horrible explosion perce le silence…jusqu’à ce qu’une immense boule de feu emporte 47 vies. Mégantic. Le 6 juillet 2013.

Les tragédies de la vie nous interpellent profondément…si nous osons les laisser pénétrer notre cœur. Les tsunamis dévastateurs. Les séismes meurtriers. Les génocides atroces qui tâchent l’histoire humaine. Quelle en est la cause ultime ? La chance arbitraire ? La méchanceté humaine ? Dieu ?

Qu’est-ce qui vous pousse à vouloir vivre ou à ne pas vivre ? Une variété de réponses se font entendre : «Ma vie, c’est ce que je choisis librement…je fais ma vie moi-même !» ; « Pour moi, la vie n’a pas de sens…car il n’y a que la nature implacable où tout termine par la mort.» ; «Moi, ma vie est entre les mains d’un Dieu tellement bon et tellement personnel…sa volonté explique tout.» Quelle est la cause ultime de tout ce qui vous arrive ? Une question incontournable !

Nous voici devant cette question dans la première livre de la Bible, aux versets 1 à 15 du chapitre 45 de la Genèse. Voici une famille juive vivant en Palestine 1 800 ans avant Jésus-Christ. Mais tout n’est pas beau. La majorité des frères sont à couteaux tirés face à l’avant dernier de la famille…à un tel point qu’ils décident de le tuer ! Toutefois, à la dernière minute, ils le vendent. Il est amené loin en Egypte. Des années passent, une grande famine sévit, et la seule place ayant du blé, c’est en Egypte.

Voilà où nous commençons le narratif, aux versets 1 à 8 1 Alors Joseph, incapable de contenir son émotion devant les gens de son entourage, leur ordonna de sortir. Ainsi était-il seul avec ses frères quand il se fit reconnaître d’eux. 2 Mais il pleurait si fort que les Égyptiens l’entendirent, et que la nouvelle en parvint au palais du Pharaon. 3 Joseph dit à ses frères : « C’est moi Joseph ! Mon père est-il encore en vie ? » Mais ses frères furent tellement saisis qu’ils furent incapables de lui répondre. 4 « Approchez-vous de moi », leur dit-il. Ils s’approchèrent. Joseph reprit : « C’est moi Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être emmené en Égypte. 5 Ne vous tourmentez pas et ne vous faites pas de reproches pour m’avoir vendu ainsi. C’est Dieu qui m’a envoyé ici à l’avance, pour que je puisse vous sauver la vie. 6 Il y a déjà eu deux années de famine dans le pays, mais pendant cinq années encore on ne pourra ni labourer la terre ni récolter les moissons. 7 Dieu m’a donc envoyé dans ce pays avant vous, pour que vous puissiez y avoir des descendants et y survivre ; c’est une merveilleuse délivrance. 8 Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu.»

 Mais Dieu ! Mais Dieu…a sauvé cette famille de la mort. Mais Dieu…a réconcilié les frères à travers de grandes larmes de repentance et de pardon. Mais Dieu…a transformé un crime horrible en une rédemption inouïe.

Quelle est la cause ultime de tout ce qui arrive ? Eh bien, nous sommes de nouveau devant cette question au chapitre 2 des Actes des apôtres, autour de l’an 30 de notre ère, à Jérusalem, à environ 50 jours après la crucifixion de Jésus-Christ. Il y a des rumeurs qui courent : plus de 500 témoins oculaires disent avoir vu Jésus ressuscité de la mort. Alors, aux versets 22 à 24, l’apôtre Pierre prend la parole devant une grande foule : 22 « Gens d’Israël, écoutez ce que je vais vous dire : Jésus de Nazareth était un homme dont Dieu vous a démontré l’autorité en accomplissant par lui toutes sortes de miracles et de signes prodigieux au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. 23 Cet homme vous a été livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au plan qu’il avait formé d’avance. Vous l’avez tué en le faisant clouer sur une croix par des hommes pécheurs. 24 Mais Dieu l’a ressuscité, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir.»

 Mais Dieu ! Mais Dieu…l’a ressuscité, car Il est plus puissant que la mort et le mal. Mais Dieu…vient lui-même dans notre monde, afin de se réconcilier avec nous et afin de nous réconcilier avec lui. Mais Dieu…prend sur lui-même notre haine pour lui, afin d’offrir le pardon le plus immérité qui soit.

Pour beaucoup aujourd’hui, la vie n’a pas de sens. Tout ce qui compte, c’est de rechercher, sans trop d’efforts, ce qu’on appelle parfois «de l’authenticité et de l’épanouissement». Pour certains, ce n’est pas important de poser la question que voici : Quelle est la cause ultime de tout ce qui nous arrive ?

La foi chrétienne, toutefois, veut aller plus profondément. Elle veut poser cette question difficile, car la vie est souvent complexe, pénible, et incertaine. Alors, à la lumière des Écritures Saintes, quelle est la cause ultime de tout ce qui m’arrive ? La Bible offre une réponse finale, à savoir, l’unique vrai Dieu trinitaire…Père, Fils et Saint-Esprit ! Il est le seul possédant une dignité parfaitement bonne et puissante. Il est le seul ayant une identité personnelle et éternelle, un seul Dieu en relation interpersonnelle éternelle parmi le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est le seul qui soit omniprésent. Il vient jusqu’à nous, au cœur de notre péché, où le Fils ose s’incarner afin de s’offrir sur une croix, pour devenir notre substitut et notre pardon, afin de refaire notre relation personnelle et éternelle avec lui.

Il y a, évidemment, des objections à cette vision du monde. Certains croient que cette vision chrétienne du monde est dépassée, voir un comte de fée, et que les tragédies comme Mégantic prouvent que Dieu n’y est point.

Certes, pour le croyant, la souffrance et la tragédie nous sont difficiles, pénibles et déchirantes. Toutefois, si on rejette la vision chrétienne du monde en le remplaçant par la recherche d’authenticité et d’épanouissement, les tragédies deviendront véritablement insupportables. Certains essaient de fuir leur chagrin en disant « Non, la seule réalité est l’ordre naturelle que nous saisissons par notre raison.» D’autres disent «Non, la seule vie, ce sont les expériences et les émotions fortes qui nous créons nous-mêmes, soit seuls soit en communauté.» D’autres encore disent « Je vais simplement vivre en faisant semblant que la vie ne soit pas une immense trou noir où la mort est notre destin ultime.»

Lorsqu’on rejette la vision trinitaire du monde, nous devons espérer – contre toute espérance – que la chance arbitraire ou bien «la force du plus puissant» nous donneront un monde meilleur. Est-ce que l’histoire renforce cet espoir ? C’est très discutable ! Car sans un Dieu trinitaire il faudra mettre notre confiance ailleurs, à savoir, en un monde où, naturellement, la justice et la compassion triompheront sur l’injustice et la souffrance.

Revenons aux deux histoires dans La Genèse et dans Les Actes des apôtres. Avez-vous remarqué deux choses en commun dans ces deux histoires ? Les voici : d’abord Dieu surprend par sa grâce ; et ensuite, lorsqu’il le fait, tous sont réduits en larmes ! Dans La Genèse, Dieu surprend les frères par sa grâce, et ils pleurent en s’embrassant. Dans Les Actes, au jour de la Pentecôte, Dieu surprend par sa grâce, et la foule est profondément bouleversée, au point de crier «Que devons-nous faire pour être sauvés ? »

En voici la surprise commune : vous ne pourrez jamais voir le monde sous la main souveraine et personnelle du Dieu trinitaire, à mois que vous soyez surpris et réduits en larmes par sa grâce et son pardon envers vous. Nous voyons tous la vie avec des lunettes, surtout celles qui nous rassurent que tout va bien parce que nous sommes foncièrement bons. Mais Dieu ! Mais Dieu… vous surprend ! Mais Dieu… vous fait pleurer devant votre propre péché ! Mais Dieu… vous fait ressentir la profondeur du pardon que Jésus seul puisse accorder !  Ensuite, il essuie les larmes de vos yeux, il remplace vos lunettes, mais vous voyez un monde complètement différent !

Là où vous ne voyiez que la souffrance, vous voyez Dieu en train de la changer en des vies réconciliées et renouvelées. Là où vous étiez décimé par vos propres échecs, vous voyez Dieu le Saint-Esprit en train de les transformer en ce qui avance sa gloire…et votre bien. Là où vous voyiez la maladie comme la pire chose, Dieu vous surprend par sa compassion, afin que vous puissiez vous compatir avec d’autres qui souffrent comme vous, et parfois plus que vous. La où vous voyiez des coïncidences bizarres et inattendues, vous voyez le sourire et le clin d’œil de votre Père céleste. Là où vous voyiez une vie plutôt solitaire, vous voyez maintenant la présence intime de Jésus-Christ… jusqu’au jour où vous serez avec lui face à face, dans un corps nouveau. Là où vous voyiez un monde cynique et des étrangers comme vos ennemis, maintenant vous voyez votre ennemi comme votre prochain que vous pouvez aimer.

Mais Dieu ! Mais oui !

  • J.G. Zoellner