Le pouvoir: confronter le coeur humain (1/2)

 

En 1870, Lord Acton, homme politique chrétien d’Angleterre se rend au Vatican, à Rome. Sa mission ? En tant que catholique romain engagé, il veut persuader les cardinaux réunis au Premier Concile du Vatican de ne pas adopter une nouvelle doctrine affirmant que les déclarations du pape sont infaillibles. Il échoue. Plusieurs années plus tard, en 1887, il écrit les paroles suivantes devenues célèbres : «Le pouvoir a tendance à corrompre, et le pouvoir absolu à corrompre absolument. Les grands hommes sont presque toujours de mauvais hommes, même lorsqu’ils n’exercent que de l’influence plutôt que de l’autorité. La pire hérésie est la croyance que l’office sanctifie celui qui le détient.»

Comment voyez-vous votre prochain ? Quelle est votre ambition pour la vie ? Ces réalités de votre vie sont profondément marquées par votre attitude envers le pouvoir. Or, selon la Bible, le pouvoir peut être utilisé soit de façon négative soit de façon positive.

Dans ce premier article, nous voulons regarder le côté négatif du pouvoir, tel que Jésus lui-même l’explique aux versets 20 à 28 de l’Évangile de Matthieu. Sous le thème « Le pouvoir : confronter le cœur humain », essayons de réfléchir à deux priorités : (1) comment Jésus confronte notre cœur ; et (2) comment nous devons confronter notre cœur.

(1) Comment Jésus confronte notre cœur.

Nous le verrons bien en suivant un échange entre Jésus et ses disciples aux versets 20 à 25 : « 20 Alors la femme de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses deux fils ; elle s’inclina devant lui pour lui demander une faveur. 21 « Que désires-tu ? » lui dit Jésus. Elle lui répondit : « Promets-moi que mes deux fils que voici siégeront l’un à ta droite et l’autre à ta gauche quand tu seras roi. » — 22 « Vous ne savez pas ce que vous demandez, répondit Jésus. Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire ? » — « Nous le pouvons », lui répondirent-ils. 23 « Vous boirez en effet ma coupe, leur dit Jésus. Mais ce n’est pas à moi de décider qui siégera à ma droite et à ma gauche ; ces places sont à ceux pour qui mon Père les a préparées. » 24 Quand les dix autres disciples entendirent cela, ils s’indignèrent contre les deux frères. 25 Alors Jésus les appela tous et dit : « Vous savez que les chefs des peuples les commandent en maîtres et que les grands personnages leur font sentir leur pouvoir.»

Or, Jésus se retrouve là devant une attitude destructrice face au pouvoir que l’on voit d’abord chez les apôtres Jacques et Jean, et leur mère Salomé, la tante de Jésus. Ensuite, on voit la même attitude dans la réaction des autres apôtres face à la requête de Salomé. Quelle est cette attitude ? La prétention. La prétention est plus que l’ambition : la prétention est l’orgueil qui dit «je mérite mieux…je mérite plus que les autres…je mérite plus que Jésus… j’en ai droit !»

Par exemple, considérer Salomé, Jacques et Jean. Jésus a déjà dit, à plusieurs reprises, que ce qui l’attend est la souffrance et la mort. Il le redit ici : «Pouvez-vous boire la coupe de douleur que je vais boire ?» Toutefois, au lieu de se préoccuper de Jésus et de sa souffrance imminente, ces trois se préoccupent de se faire reconnaître. A leurs yeux, ils méritent plus que Jésus. Hélas, les autres disciples font de même : au lieu de se préoccuper de la souffrance imminente de Jésus, ils s’indignent de la manière dont ils sont (mal)traités. Tous ici se pensent être en droit de recevoir plus que Jésus ! Au 4e siècle de notre ère, le grand théologien et prédicateur grec Jean Chrysostome explique ainsi pourquoi cette attitude est prétentieuse: « Sa gloire est trop relevée, et sa majesté est trop au-dessus non seulement des hommes, mais des anges même, et de toutes les vertus célestes, pour que nulle créature puisse prétendre un honneur réservé au Fils unique du Père. »

Alors Jésus, de façon pastorale, confronte cette attitude de présomption et de suffisance qui nous éloigne de lui, et les uns des autres. Au verset 25 il dit : « Vous savez que les chefs des peuples les commandent en maîtres et que les grands personnages leur font sentir leur pouvoir.»

C’est ainsi que Jésus veut confronter notre cœur aujourd’hui : Jésus confronte notre idole du pouvoir. L’exercice malsain du pouvoir est une idole que nous fabriquons dans notre cœur. Nous créons une idole d’orgueil et de suffisance et nous la nourrissons en nous disant « Je mérite que tous me reconnaissent, m’honorent, me récompensent.» Au fond, cette attitude va plus loin, jusqu’à penser «Je mérite plus que Jésus, car Jésus ne m’est pas suffisant.» Au lieu d’adorer Jésus, nous finissons par nous adorer nous- mêmes. Nous devenons convaincus d’avoir droit de l’adoration des autres. Au fond, cette idole remplace Dieu ! Bref,  Jésus nous appelle à être honnêtes face à notre cœur et à avouer l’arrogance de notre suffisance. Mais comment ?

J.G. Zoellner   … à suivre